carlos designerCarlos Designer architecture d'intérieur, décoration, design d'objets

Femme Magazine (Triplex)

Un triplex à l’esprit récup’

 

Cet enfant de la pub a succombé à l’amour de la déco mais pas à celui des diktats de la mode. Carlos Pujol est un designer touche-à-tout qui passe indifféremment de l’architecture au design ou encore à la communication avec une aisance incroyable. Doté d’une imagination débordante, il détourne les matériaux et les objets qui connaissent grâce à lui une seconde vie. Carlos avoue: «Je m’éclate dans mon travail!» On veut bien le croire lorsque l’on découvre ce triplex qu’il a conçu à Reims et dans lequel il a mis tout son talent de décorateur de génie.

 

Pour que ce triplex voie le jour, le designer a dû non seulement réunir quatre appartements distincts mais également surélever le niveau de la toiture pour gagner de l’espace; 2,30 mètres nécessaires à l’aménagement d’un niveau supplémentaire.Après avoir abattu des cloisons, intégré la cage d’escalier et les parties communes et étendu les paliers, la surface habitable de l’ensemble a été doublée, atteignant 300 m2.

 

Un monde merveilleux où les proportions sont brouillées

On ne visite pas ce triplex, on l’explore comme une terre inconnue ou encore un jeu de piste. Un coup on ouvre une porte, un coup celle-ci s’avère être un trompe-l’œil. L’une est grande, l’autre est petite… On accède à cet espace inspiré d’Alice au Pays des merveilles par un escalier colorimétrique qui déploie sur la tranche des marches un nuancier de couleurs. Sur le palier, les portes colorées n’en sont pas et celles qui s’ouvrent réellement sont masquées par un savant tapissage de pages de vieux numéros de Paris-match. Une fois que l’on identifie les vraies portes, on peut accéder aux chambres. La salle de bains est largement ouverte sur la chambre parentale pour ne former qu’un seul et unique espace dont le volume est décuplé grâce à un miroir qui occupe un pan de cloison entier. La douche à l’italienne marie les carreaux d’aluminium brossé aux parois en verre dans un savant jeu de transparence. La logique régissant la distribution des pièces est inversée réservant l’étage inférieur aux chambres à coucher et le niveau supérieur aux pièces à vivre qui bénéficient ainsi d’une grande luminosité.

 

Hommage au passé dans la pièce de vie.

Le salon est clairement empreint de nostalgie. Une collection de Vespas aux couleurs pastel évoque les années 50 alors qu’un macintosh Classic rappelle les débuts de la success story de la marque à la pomme. Pour le lustre, pièce maîtresse du salon, le designer a fait un subtil assemblage de près de 300 paires de lunettes récupérées chez Emmaüs. Une sorte d’hommage au passé. De plus, une fois le lustre allumé, les verres des lunettes produisent de jolis reflets sur le plafond. Surprenante cette pile de B.D ! Non, ce n’est pas une sculpture d’art contemporain mais bel et bien une poutre de soutènement accolée à l’escalier que Carlos a eu l’idée de masquer grâce à cet amoncellement de bandes dessinées. «Les choses se mêlent de manière dépareillée mais avec quand même un fil conducteur Rock n’ roll», explique Carlos.

 

Un bureau de super héros

Le bureau occupe la mezzanine du 3ème étage, totalement créée en surélevant le toit. Résultat: une pièce de 50 m2 doublée d’une terrasse de 50 m2. Cette pièce inondée de lumière fait profiter de cet atout le salon en contre-bas grâce à une ouverture vitrée au sol qui agit comme un puits de lumière zénithale. Le bureau dessiné par Carlos évoque une aile d’avion. Mais le plus surprenant reste ce Superman géant qui occupe quasiment toute la surface du plafond et semble propulser un chien dans le mur dans un gros «Bang!» de bande dessinée. Il fallait oser. Carlos n’a pas seulement eu l’idée audacieuse du Superman, mais il a été jusqu’à réaliser lui-même cette impression numérique sur papier adhésif. La cuisine largement ouverte sur le salon est du Ikea customisé. L’électroménager est invisible, masqué par un bardage en pin décapé. Deux pans de parquet vernis montés sur roulettes font office de bar d’angle. Toujours dans l’idée de surprendre, le designer a positionné les boutons de portes de manière aléatoire. Quant aux suspensions, c’est encore de la récup ; il s’agit de pots en verre alimentaires recyclés.

Récup’, customisation, détournement d’objets… ce chantier titanesque a été traité avec légèreté et humour par ce designer de talent qui a su garder son âme d’enfant.

Rola Cusson

 

LEGENDES PHOTOS :

L’ancien escalier de l’immeuble a été intégré dans l’appartement et transformé en nuancier de couleurs.

Dans le salon, meubles chinés et fauteuils retapissés de tissus bariolés.

Un vieux macintosh parmi d’autres objets nostalgiques d’un temps révolu.

Une impressionnante pile d’albums de bandes dessinées masque la pile de soutènement de l’escalier qui mène à la mezzanine-bureau.

Une ouverture vitrée dans le plafond du salon laisse entrevoir superman et permet à la lumière de s’engouffrer dans la pièce.

Le carrelage de la cuisine aux motifs multicolores.

Une cuisine de chez ikea mais tellement customisée qu’elle en est méconnaissable avec les boutons de placards disposés de manière aléatoire.

La terrasse attenante à la mezzanine-bureau a été créée de toute pièce en surélevant le toit.

Dans la chambre, pierres et briques apparentes et pour le lit, une table de chevet pivotante.

La récup’ entre à la salle de bains qui joue une partition en noir et blanc.

Une salle de bains pop où les pin up sont les maîtresses des lieux.