carlos designerCarlos Designer architecture d'intérieur, décoration, design d'objets

Reflets Actuels

 

Carlos Pujol, l’architecte des intérieurs

Ses études,ses penchants techniques et artistiques l’ont préparé à un métier qu’il n’exerce en vérité que depuis 4 ans mais dans lequel il donne la pleine mesure d’une créativité reconnue par-delà les frontières.

Catherine Landron

 

Le Dormeur du Val, qu’il a conçu à Charleville-Mézières à partir d’une friche indus- trielle, a été le détonateur de la deuxième vie de Carlos Pujol. « Dans cette ruine soutenue par de gros massifs en béton, qui a été le berceau de l’Usine Nouvelle, je voyais un joyau. » Trois ans de sa vie ont été consacrés à inventer, fabriquer cet hôtel truculent, sui generis, remarqué et loué par les guides prescripteurs et les magazines tendance. « Je l’ai enfanté autant qu’il m’a enfanté » dit-il avec le recul, encore tout empli de cette expé- rience. Avant ce phénomène médiatique non prémédité, Carlos Pujol était un fils de pub, entré au culot dans une grande agence parisienne, resté dans la place une dizaine d’années, et finalement parti pour vivre sa propre aventure dans la communication à Reims. Jusqu’à ce que le démon de l’architecture et du design, qui le tenaillait depuis sa prime jeunesse, se réveille avec le Dormeur du Val.

DÉCOLLER L’ÉTIQUETTE

La réhabilitation tout aussi ingénieuse et spectaculaire d’un appartement du cœur de Reims, transformé en triplex, contemporain dans ses volumes et sa lumière, vintage dans son ambiance et ses gimmicks, va continuer de légitimer cette orientation professionnelle. La prestation, et d’autres du même tonneau, vaudront à leur auteur de copieuses retombées dans la presse inter- nationale, de la Chine à la Russie, des États- Unis à l’Australie. Le décor intimiste qu’il crée pour le restaurant Les Cornichons à Reims est un autre succès qui lui amène le début d’une reconnaissance locale. Tandis qu’il aménage au Québec un ensemble d’espaces de travail. Son destin d’architecte d’intérieur-designer est scellé. « Un projet en appelant un autre, j’ai progressivement abandonné la communication. » Il cherche aussi à décoller l’étiquette d’hurluberlu que ses premières réalisations non aseptisées n’ont pas manqué d’attirer sur lui. « Je ne veux pas m’enfermer dans un style. Alors je m’imprègne en permanence de ce qui se passe à l’autre bout du monde, pour rester ouvert, fuir mes affinités, mes habitudes. » Ceci sans perdre ce cachet qui déclenche tout sauf l’indifférence.

LES DÉSIRS DES AUTRES

Grâce au groupe Frey, dont il gagne la confiance, il aborde un nouveau terrain de jeu. Celui du secteur tertiaire, où son originalité trouve encore à s’exprimer, dans la limite plus stricte des besoins du client. L’univers intérieur du nouveau siège de Plurial, du code couleurs à l’habillage des murs et des sols, en passant par la ligne de mobilier, c’est lui aussi. Toujours entrainé par l’esprit de nouveauté, Carlos vient de signer les salons de réception du champagne Billecart-Salmon, dont le bar vieil or, contourné selon la forme du logo, est un petit chef d’œuvre. Une référence qui montre qu’il peut s’affranchir de ses fameux gimmicks « colorés et punchy » pour répondre à une demande plus large, plus sage. La preuve encore avec la champagnothèque qu’il dessine aux abords du Boulingrin pour le Club Trésors de Champagne. « La morale de l’histoire, c’est que je ne fais pas des projets pour me faire plaisir mais en essayant d’interpréter au mieux les désirs des autres. » Le fier Catalan teinté d’Ardennes, à l’écorce personnelle plus fine qu’il n’y paraît, est prêt pour peindre de nouveaux paysages intérieurs.

www.refletsactuels.fr ❚ janvier 2015 ❚ numéro 59 ❚ Reflets actuels ❚ 19