Côté Maison
Allumez le LOFT !
L’hyper créatif Carlos Pujol, architecte d’intérieur, designer et enfant de la pub, a fait de quatre petits studios vétustes un fabuleux et lumineux loft. Esprit rock’n’roll, es-tu là ? Une réalisation déjantée qui rend aussi hommage à l’histoire du lieu.
Par Aurélie des Robert. Texte Agnès Benoit. Photos Sam Brewski.
La première fois que les clients ont visité la bâtisse, un immeuble d’arrière-cour dans le quartier du Boulingrin, ils ont tourné les talons ! L’architecte d’intérieur Carlos Pujol se plonge alors dans ses racines pour imaginer une architecture à l’espagnole, avec pièce à vivre au-dessus des chambres, puits de lumière traversant et terrasse de 50 m2 en plein centre-ville. Après la pose du troisième étage complet par une grue de 60 mètres qui passe par-dessus les toits riverains, place à la déco ! Carlos est un créateur « pluridisciplinaire » qui a fait ses premières armes dans la publicité, dessine des objets pour de grandes maisons d’édition, décore et aménage loft barcelonais et studio parisien, a révolutionné la restauration à Reims avec La Cantina et les incontournables Cornichons, et l’hôtellerie à Charleville-Mézières avec Le Dormeur du Val. D’où une déco « touche à tout », entre comics, graphisme et recyclage.
Boîte à souvenirs
L’escalier dessert un premier pallier de sept portes? Il crée un trompe-l’oeil de portes disproportionnées à la Alice au pays des merveilles. Sur les murs, d’anciens magazines Paris-Match monochromes composent une intrigante tapisserie. Pour habiller l’escalier, Carlos utilise des stickers thermoformés qui le transforment en nuancier RAL géant. La création du troisième étage nécessite la pose d’un poteau disgracieux en plein salon? Il l’enrobe de plus de 300 bandes dessinées chinées chez Emmaüs. Envie de luminaire? D’un sac de lunettes dépareillées, il compose un lustre aux éclats de boule à facettes. Le décroché entre le deuxième étage préexistant et le nouveau bureau accueille la boîte à souvenirs des propriétaires, entre caisses, livres et vieil ordinateur! «Une manière décorative d’intégrer ce nouveau lieu et de se l’approprier naturellement », explique-t-il.
Superposition
C’est dans la vaste cuisine, avec ses plateaux de tables en vieux parquet, que l’esprit récup’ est le plus mis en valeur. Sur de simples modules Ikea, d’anciennes planches de bardage ornées de boutons de céramique désordonnés cohabitent avec un grand plan de travail en corian plutôt futuriste ! Dans la chambre principale, les briques rouges des murs préexistants « révèlent leur esprit new-yorkais. Une superposition de matériaux qui compose l’ADN de cet immeuble, une simple grange à foin à l’origine. On a voulu lui rendre hommage, montrer que ce bâtiment avait existé avant son rouge à lèvres et ses bas résilles… » Carlos, un talent à suivre.
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Pages précédentes, la cuisine s’articule autour de deux tables sur roulettes réalisées sur mesure avec de vieilles lames de parquet cintrées de fer. Sur un coin de table, moment de convivialité avec la bière Belge, Carlier. De l’autre côté, tournant le dos au salon, la table est dressée en couleurs et fait écho aux rayures bayadères de la cheminée. Tabourets (Calligaris). La cheminée a été embellie avec des moulures en stuc provenant d’un appartement de la place des Vosges, à Paris. Ses rayures verticales symbolisent la transition entre la cuisine et le salon.
De part et d’autre, deux rangements métalliques pour bois. Ci-contre, gros plan sur la cuisine et son îlot en corian. Partout, les placards en bois de récupération avec leurs poignets de porte en céramique placées irrégulièrement. Au-dessus, accumulation de bocaux de conserves transformés en luminaires. 1. De nuit, la façade façon clair-obscur. 2. Au rez-de-chaussée, l’entrée se prolonge grâce aux miroirs des placards coulissants. Les troncs d’arbres piqués du sol au plafond font office de portemanteaux. Au plafond, les différents abat-jour et pieds laqués chinés rendent l’espace encore plus décalé. 3. Carlos Pujol dans le bureau photographié depuis le salon à travers un sol en verre.
Ci-contre, dans le salon, l’escalier graphique en lévitation mène vers le bureau. Une colonne de bandes dessinées façon pilier et des Vespas vintage pour une touche d’humour. Page de droite, les assises dépareillées font vivre l’espace au demeurant classique. Des casiers de récupération sont utilisés comme rangements. Ils contiennent une foultitude d’objets hétéroclites, souvenirs des propriétaires. Un grand miroir en bois doré s’impose tandis qu’une suspension réalisée à partir de lunettes chinées nous distrait.
Page de gauche, dans le bureau, la couleur triomphe encore à travers un jeu de chaises (Kartell, Magis, Moroso), et deux tables de travail sur roulettes en verre et laque époxy. Suspendue à un trépied, une suspension transparente (Fatboy). Au mur, pied de nez au trophée de chasse, l’arrière-train d’un sanglier. 1. Le bureau imaginé comme une aile d’avion témoigne de l’âme d’enfant du designer-architecte aux paris fous. 2. Grâce à des câbles tendus qui courent de part et d’autre du bureau, les fiches d’inspiration s’affichent en grand et sont toujours au rendez-vous. Suspension (Flos) customisée avec des rayures, hommage à Paul Smith. 3 et 4. Depuis le rez-de-chaussée, les marches sont aux couleurs et aux références du Pantone tandis que le premier étage, avec son jeu de portes colorées, nous plonge dans l’univers d’Alice aux pays des merveilles.
1. Au fil des marches, la couleur s’emballe. Le mur de brique – identique à celui de la cuisine –, apporte chaleur et authenticité, et rappelle que ce lieu était autrefois une grange à foin. 2. La salle de bains avec douche de Monsieur, entièrement pavée de carreaux d’aluminium, se reflète à l’infini grâce au miroir du fond ainsi que celui du meuble central sur pivot (Duravit). Robinetterie (Nobili). Ci-dessus, la chambre parentale avec un lit dessiné sur mesure, et sa salle de bains attenante. Les miroirs donnent de la profondeur à l’espace. Dans le fond et en reflet, un autre mur en brique. Page de droite, la salle de bains de Madame, ultra-féminine en noir et blanc. Le plafond entièrement peint en noir accentue l’effet écrin. D’autres grands aplats noirs s’harmonisent avec des carreaux à motifs de volutes ou le pied-de-poule de la chaise (Calligaris). Un lustre à pampilles renforce cet esprit boudoir. Mobilier (Duravit) ; robinetterie (Nobili).
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