L'Est Républicain
Surréaliste. A Charleville-Mézières, face à la gare, l’hôtel quatre étoiles « Le dormeur du val » fait rimer déco et Rimbaud, l’enfant terrible de la ville ardennaise. L’occasion rêvée de prolonger le Printemps des poètes.
« Voyant » et « absolument moderne » : ainsi se définissait la condition du poète selon Arthur Rimbaud. Le jeune fugueur devenu grand voyageur aurait sans doute apprécié l’adresse pour son anticonformisme. Tout en « décalage maîtrisé » comme le souligne Carlos Pujol, designer de cet hôtel aussi beau que ludique.
A la croisée des grands destins ardennais, l’établissement, qui s’épanouit dans les anciens bâtiments de presse du magazine économique L’Usine Nouvelle, mixe cachet industriel d’origine (charpente métallique, briques rouges) et gimmicks contemporaines (meubles design sur-mesure, cloisons en béton styrène, Plexiglas coloré et béton ciré travaillé en bandes et indépendamment des angles pour les salles de bains).
« Poèmes », « Strophes », « Rimes »… Les dix-sept chambres, dont celle « d’écriture » (notre préférée) bénéficient d’une gestion domotique (lumière, clim, stores, multimédia) centralisée dans ce petit boîtier à portée de rêves.
Vers sur verre… En façade de l’hôtel, le sonnet « Le dormeur du val » de Rimbaud a pignon sur rue. Heureux passant !
Dans chaque chambre, sont disposées des tongs à l’effigie de « l’homme aux semelles de vent ».
Flexible apparent, illusion et transparence… La robinetterie (Ritmonio) joue la dématérialisation à l’extrême.
Forme libre pour cette bibliothèque murale, où les ouvrages, tels des oiseaux migrateurs en plein vol, reposent sur de simples tiges en métal. Les livres pour enfants y sont placés en bas.
Comme une vision… éclairée pour cette applique murale flamande : une demie lampe à poser coulée dans une plaque en résine à peindre.
Trois peintures unies et trois papiers peints anglais différents (à motifs floraux ou géométriques) se déclinent par chambre pour des murs façon bayadère.