Marie Claire Maison
Un triplex fou, fou, fou par Bettina Lafond /// © photos Pierre-Jean Verger
En réunissant les quatre appartements qui occupaient l’immeuble et en en surélevant la toiture, le designer Carlos, a conçu un triplex décoiffant. Investi dans chaque étape, de la transformation du bâtiment jusqu’au design du mobilier, ce touche-à-tout perfectionniste affiche un style, fantasque et drôle, rafraîchissant.
Au premier étage, les chambres. En hommage à Alice au Pays des Merveilles, Carlos s’amuse à brouiller les pistes avec de fausses portes de gabarits différents. Tandis que de vieux exemplaires de Paris Match tapissent le palier de noir et blanc, moulures et aplats de couleurs attirent l’œil pour mieux le confondre.
L’ancienne cage d’escalier a été intégrée au triplex. Jusqu’au deuxième étage, les contremarches déclinent des couleurs du nuancier RAL avec leurs références exactes. Il s’agit d’impressions numériques sur adhésifs (Stick Adhésifs). Les marches ont, elles, été recouvertes de peinture de sol (CPS).
Eclectisme, humour et customisation
Au-delà de la déco décalée, Carlos signe la transformation architecturale du lieu. Sur la cloison du fond, la démarcation indique l’emplacement de la toiture initiale. Le bâtiment a été rehaussé de 2m30 pour créer un bureau en mezzanine. L’escalier métallique qui y conduit doit sa légèreté apparente à un limon caché dans la cloison auquel les marches ont été soudées, ainsi qu’à un poteau porteur habillé par une étonnante pile de BD. Fan de customisation, Carlos a fait recouvrir un canapé Cinna de toiles plastifiées métallisées et choisit les fauteuils Qui est Paul ? retravaillés par l’artiste angoumoisine Moon. Vespa des années 50 (Cyclarden).
Une déco génération Superhéros, Apple et Récup’
A 41 ans, le Barcelonais Carlos Pujol, dit Carlos, affiche un parcours éclectique : des études d’architecture, un détour par la communication et le marketing, une passion pour le design et les arts graphiques qui lui ouvrent les portes de grosses agences de pub parisiennes. Mais la déco reste son dada et Carlos se fait connaître en tant qu’architecte d’intérieur par la rénovation d’hôtel, café et restaurants en France et en Belgique où prédomine l’anticonformisme, comme à l’hôtel**** du Dormeur du Val qui se situe au cœur des forêts ardennaises. Une jolie vitrine de son travail qui lui attire des chantiers aussi chez des particuliers.
A Reims, de jeunes propriétaires lui ont donné carte blanche pour restructurer un vieil immeuble composé de quatre studios et le transformer en triplex familial. Le chantier est conduit en deux temps : la rénovation du lieu avec l’architecte Jean-Marc Charlet (Zoom Architecture) qui déposera le permis, puis sa décoration. L’espace est décloisonné puis entièrement redistribué, grâce à des linteaux et poteaux porteurs dissimulés dans les cloisons et faux-plafonds. L’ancienne cage d’escalier est intégrée et les paliers élargis. Les chambres sont aménagées au premier étage et la pièce à vivre au second, pour bénéficier d’un maximum de lumière. Enfin, l’édifice est surélevé pour créer une mezzanine bureau prolongée par une terrasse. L’espace habitable passe ainsi de 166 m2 à 300 m2.
Une fois l’architecture repensée, Carlos laisse libre cours à son imagination débridée pour y concevoir un décor. Le designer, jamais à court d’idées, se nourrit de l’univers de son enfance catalane colorée, de son goût pour les arts graphiques, les Beatles, la récup’, le détournement d’objets. A l’heure du numérique, il affiche sa créativité à travers des stickers géants qui recouvrent plafond et contremarches d’escalier autant que dans la fabrication d’une suspension 100 % Emmaüs. Avec originalité, fantaisie et humour, il signe une déco caractéristique d’une génération et pourtant hors des sentiers battus.
La mezzanine abrite un bureau qu’un Superman géant démystifie. Pour le réaliser, Carlos a simplement scanné une BD, redimensionner le fichier numérique et l’a fait imprimer sur un adhésif numérique (Stick Adhésifs).
Le designer est assis derrière un bureau qu’il a dessiné lui-même en s’inspirant d’une aile d’avion. Ce drôle de lustre a été imaginé par Carlos à partir d’un stock de vieilles lunettes trouvé chez Emmaüs et totalise quelques 280 paires. Au fond, un Macintosh Classic, la madeleine de Proust des inconditionnels d’Apple.
Même recette en cuisine : de la créativité, du recyclage et des heures de bricolage.
L’esprit de récup’ a guidé la conception de la cuisine. De vieux bardages en pin décapé habillent la cuisine Ikea et d’anciens pots en verre alimentaires ont été recyclés en suspensions. Les deux grandes tables sur roulettes ont été réalisées à partir d’un parquet, poncé et vernis, cerclé et monté sur un piètement métallique. Au sol, Carlos a mélangé deux motifs de carreaux de ciment pour donner l’illusion d’une démarcation entre les anciennes pièces. La multiplication, faussement aléatoire, des boutons de placard et des pots en verre ajoute une touche d’humour.
Chambre et salle de bain ne font qu’une
La salle de bain est ouverte sur la chambre. Derrière le bloc équipé d’un lavabo et de rangements (Duravit), la douche à l’italienne en carreaux d’aluminium brossé, réfléchit la pièce grâce au miroir qui recouvre toute la cloison du fond. Dans le reflet, le mur de pierres et briques indique deux étapes de construction successives.
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