Côté Est
De l'obscurité des caves à la lumière : les uns après les autres, les négociants se dotent d'opulentes vitrines revisitées par des architectes de renom.
Synonyme de luxe et de paillettes, les maisons de champagne déroulent le tapis rouge à leurs invités de marque. Autrefois dans les hôtels particuliers de l'avenue de Champagne à Épernay, aujourd'hui avec des démonstrations d'architectes : un chai Jean-Michel Wilmotte (Laurent-Perrier) ou un spectaculaire bâtiment de Jacques Ferrier (le siège Heidsieck, qui inspire à d'autres marques des projets de constructions audacieuses). Gosset a préféré la tradition en achetant une villa à Épernay, comme Henriot qui a troqué l'Hôtel des Douanes de Reims contre une magnifique bâtisse XVIIIe siècle, Les Aulnois, à Pierry. Quant à la coopérative Cogevi, elle a rénové la maison de Raoul Collet, l'un de ses dirigeants emblématiques des années 1920 : cet écrin Art Déco, plus qu'un simple espace d'exposition (en ce moment l'affichiste Paul Colin), évoque une époque festive et un art de vivre glamour.
Chez Ruinart, on a demandé à Eliott Barnes de revisiter les salons : l'Américain qui a dirigé l'Agence André Putman jusqu'en 2003 a signé les meubles, les tables et le papier peint hommage au chardonnay. Un projet encore confidentiel, dévoilé lors de dîners privés sur une table miroir inspirée d'une collaboration avec Studio Nendo. Une expérience "renversante", avec un menu écrit de droite à gauche, qui se déchiffre dans le reflet, et des plats déguisés qui semblent défiler à contresens.
Billecart & Salmon a confié son hôtel XIXe siècle à Carlos Pujol : tissus épais, bois laqué, peinture argentée, murs perlés. Il a retapissé les cabriolets mais dessiné les tables basses aux pieds sculptés et aux plateaux stratifiés, éléments clefs entre les moulures anciennes et le millefeuille contemporain du bar. Du beau travail, qui fait de lui la nouvelle coqueluche de la Champagne.