carlos designerCarlos Designer indoor architect, decoration, object design

La champagne viticole

 Perché dans son nid d’aigle de la rue du Petit-Four à Reims, Carlos Pujol est l’étoile montante de l’architecture d’intérieur.

 

À moitié Espagnol par son père (il est né à Barcelone) et passé par dix années de marketing dans des agences parisiennes avant de revenir à ses premières amours, ce designer de 45 ans s’est fait connaître dans la région en réalisant la décoration de l’hôtel Le Dormeur du Val à Charleville-Mézières. Un projet salué par la critique et qui a béné - cié d’une large couverture médiatique.

Carlos Pujol s’est fait parallèlement un nom dans le monde du champagne en signant l’extraordinaire boutique Trésors de Champagne qui a ouvert ses portes à Reims en 2015, sorte de caverne d’Ali Baba où 27 vignerons exposent leur savoir-faire et la singularité de leurs cuvées respectives. Le Catalan de talent a aussi refait les salons privés de Billecart-Salmon dans une veine classique mâtinée de modernisme.

Carlos Pujol a dû se livrer à un tout autre exercice de style pour le compte du cham- pagne Mouzon Leroux & Fils à Verzy. Il s’agissait de transformer une vieille grange utilisée comme débarras en de magni ques salons de réception. « Le propriétaire vou- lait quelque chose de joli mais pas d’osten- tatoire, de moderne mais conservant le côté ancestral du lieu », explique l’archi- tecte. C’est l’exemple type de ce que je suis susceptible d’apporter aux viticulteurs », à savoir une écoute attentive et une presta- tion sur mesure.

Artiste caméléon, qui aime à mixer ar- chitecture et design, arts graphiques et décoration, épris de matériaux traditionnels comme le bois, la pierre ou la ferronnerie, Carlos Pujol s’e ace pour ainsi dire derrière son client, tout en lui apportant bien sûr son regard d’homme de l’art et ses compétences techniques. « Je suis là pour raconter une histoire, mais une histoire qui n’est pas la mienne. Je suis une sorte de traducteur. J’essaie d’interpréter de manière originale et créative l’envie exprimée par la personne que j’ai en face de moi, car tout repose sur les relations humaines. Le pire compliment que l’on puisse me faire : on reconnaît bien là votre style ». Tout le travail de l’artiste commence donc par un brief avec le commanditaire, une technique empruntée au monde de la communication dont il est issu.

Partageant son temps entre Reims et Pa- ris, l’architecte aimerait se rapprocher encore davantage de sa région d’adoption et consacrer plus de temps au monde du champagne, où il apprécie la « richesse des échanges ». Carlos Pujol estime que, aiguillonné par la concurrence avec d’autres vins effervescents et par son inscription Unesco, le champagne a tout à gagner à « moderniser et rafraîchir son image. »

Philippe Schilde